La série commença par accident suite à un cours de chant éprouvant. À cette époque, j’avais beaucoup de difficulté à parler fort. Il m’a pris de vouloir saisir l’origine du problème dans mon cou à l'aide de mon appareil photo. En photographiant ma gorge retournée, je découvris contre toute attente une partie de moi-même qui sublimait à la fois une érection masculine et une extase féminine.
Cet autoportrait m’apparut tout d’abord comme une provocation. Rien de ce que je voyais de moi était reconnaissable. Une puissance sexuelle non genrée transparaissait de ma chair, j’avais l’impression que cette image me permettait de m’affranchir de ma propre identité incarnée dans ma féminité. Je me sentais face à un phénomène puissamment humain, peut-être ‘humain trop humain’, que je voulais vérifier dans le corps d’autres hommes et femmes.
À défaut d’avoir percé le mystère de ma petite voix, j’ai la sensation d’avoir ouvert par erreur une porte interdite. J’ai photographié 150 personnes, chacune à leur manière révèle cette source de vie sauvage et subtile.
Je suis toujours surprise d’observer le trouble que ressentent les modèles comme les spectateurs à la vue de ces images… alors que ce ne sont que des cous ! Comme le souligne Marie Taddeï quand elle évoque la série Gorgeous : "tout à coup, on se demande ce qu’on est en train de regarder ! ».