Depuis 2010, je me suis plongée dans l’espace, éperdument. Je le provoque, je cherche les points de convergence, les points de retournement, je dessine des mondes que j’aimerais voir se chevaucher, j’efface les zones d’ombres, des zones aveugles émergent, je mets à plat les reliefs, il suffit de les représenter, pas besoin de transformer la matière, tout est déjà là. Je crée des ellipses géographiques, j’encourage la tectonique des plaques, je fusionne des espaces-temps, je démystifie les grandes échelles, je rationalise les souvenirs. Parfois je rencontre Icare entre deux mondes. Je lance des ponts vers des points sans nom, sans doute des villes pixels, dont les artères se remplissent de couleurs, c’est parfois rouge. Là, il est temps de piquer vers le Sud.
Je rêve d’une légende universelle, d’un vocabulaire génératif au fil des songes cosmiques où les mots dégénèrent pour faire place à d’autres sens, d’autres sons. L’écho du vide réfléchit ma présence, le monde renvoie mon existence dans une échelle non humaine.
A recherche B, B provoque C, C s’éprend de D, D s’adapte à E, E comprend F… Expérimenter sa position par rapport à l’altérité. Se mettre au diapason. Des frontières édifiantes caractéristiques sèment le paysage, noircissent le tableau, quadrillent les pleins.
On part respirer dans les plaines vides. On s’accroche à la grille, le sol se dérobe sous les pieds. La chute est douce. Hors cadre, c’est blanc, je choisi l’écoute noire.
S’ajuster à cette espèce d’espace, où le je n’est qu’un jeu dont on pourrait s’amuser à contourner les règles, inventer la légende, interpréter à rebours, se projeter sans filet, plier, déplier l’espace.
J’attends le signal pour démarrer la partie, me garder d’inventer les règles à l’avance.
Replonger.